La vérité aujourd’hui est que la RD Congo est victime des errements et du manque de sérieux de ses dirigeants actuels. Ce n’est pas le Rwanda qui est fort, c’est la RD Congo qui est faible. Ce n’est pas parce que la diplomatie rwandaise est redoutablement efficace, c’est parce que la RD Congo a une diplomatie à la ramasse. Ce n’est pas le Rwanda qui est grand, c’est la RD Congo qui est à genoux.
Bref, ce sont les errements et les faiblesses du Congo qui font la force du Rwanda. Et cela a des conséquences sur le plan diplomatique. Patrick Mbeko est un spécialiste de la région des Grands Lacs et ses analyses sont d’une pointure accrue et d’une profondeur sans parti pris.
Les sanctions prises par les Nations Unies envers le Général James Kabarebe et le sulfureux Lawrence Kanyuka, porte-parole de l’AFC, l’autosatisfaction du régime de Kinshasa et le profil bas de Kigali cachent mal le souhait de la Communauté internationale, soutient ce spécialiste.
À Kinshasa, on a du mal à saisir les subtilités de la diplomatie et de la géopolitique pour comprendre le positionnement des grandes et puissances moyennes vis-à-vis de la crise qui déchire l’est de la RD Congo. On semble ne pas comprendre que si l’Occident continue de traiter avec le Rwanda, c’est aussi parce que le Congo a fait le choix de ne pas être là où il devrait être.
Le régime de Félix Tshisekedi, qui a accueilli avec satisfaction les sanctions américaines et le vote du Conseil de sécurité, ne doit pas crier victoire. Autant les Occidentaux semblent remonter contre le régime de Kigali, autant ils se méfient du pouvoir congolais qui n’inspire nullement confiance. Si Paul Kagame agace,Félix Tshisekedi, de l’avis de plusieurs, n’est pas l’homme de la situation. Autrement dit, on peut sanctionner le Rwanda tout en souhaitant à bas bruit le départ de Tshisekedi. C’est le schéma que semblent privilégier certains chefs d’État de la région depuis la chute de Goma.
Les sanctions américaines, tout comme le vote du Conseil de sécurité, sont purement symboliques. C’est un message envoyé au régime de Paul Kagame et non le signe d’un quelconque soutien à la RD Congo. Portée par la France, qui soutient à bas bruit le régime de Kigali, la résolution 2773 ne fait que reprendre les grandes lignes de ce qui a été dit lors du sommet des chefs d’État de l’EAC et de la SADC.
Vendredi 21 février 2025,l’Union européenne annonçait la convocation de l’Ambassadeur du Rwanda auprès de l’UE, et le Conseil de sécurité de l’ONU votait à l’unanimité la résolution 2773 condamnant pour la première fois directement le Rwanda pour son soutien au M23, qui continue son avancée dans le Sud-Kivu au risque de déclencher une guerre régionale. Est-ce le début de la fin pour le Rwanda ? Le vent serait-il en train de tourner en faveur de la RD Congo, comme l’affirment certains à Kinshasa ? Scepticisme total.
Darius KITOKA.