Un coup de balai collectif nettoie la ville de Bukavu. Une volonté, un changement!

La ville de Bukavu n’avait rien à envier aux villes du monde ce 20 février 2025. Elle avait revêtue de sa plus belle robe qui lui manquait depuis des lustres. Le droit à un environnement sain est aussi possible dans la ville montagneuse au centre de cette partie orientale de la RD Congo.

Toutes les avenues, en commençant par l’artère principale, Patrice-Emery Lumumba, jusqu’aux confins des quartiers les plus démunis et les plus sales de la ville, les rues brillaient comme jamais auparavant. Nous n’exagérons rien en utilisant ce comparant.

En effet, depuis tôt le matin de ce 20 février 2025, les habitants de Bukavu se sont donné rendez-vous dans leurs avenues respectives pour nettoyer et curer des caniveaux. Rien n’a été laissé au hasard, la main des Bukaviens passait et repassait, enlevant déchets ménagers, déchets industriels, déchets plastiques ou biodégradables, tous au peigne fin. Des sacs en plastique aux écorces des mangues et des cannes à sucre, rien n’a échappé au nettoyage. Et ce, dans chaque parcelle.

Ce sont des ressources humaines qui se sont mobilisées comme un seul homme pour ce travail collectif appelé couramment « Salongo ». Il n’y a eu aucune distinction d’âge ou de sexe. Chacun a pris conscience comme par enchantement pour se munir de balai, bêche, machette, pioche, raclette, brosse,…Bref tout instrument aratoire à la portée de chacun a été visible entre 6 heures et 11 heures de la matinée. Curieux, à 9 heures, tout était déjà proprissime. Alors que d’aucun ne pouvaient imaginer la ville de Bukavu propre d’un coup, cela a été une surprise même pour les organisateurs.

Ce travail communautaire a été appelé par les nouvelles autorités de la ville de Bukavu de AFC-M23 qui occupent officiellement la ville depuis le dimanche 18 février 2024. Ce mouvement est entré dans la ville, après que quelques titis, moineaux et yéyés, dits Mayibobo, ont pris la ville d’assaut et terrorisé les habitants en tirant plusieurs coups de feu en l’air, obligeant du coup la population à rester terrée chez elle. Les maîtres de la transition bukavienne, entre le départ des FARDC et l’entrée de l’AFC-M23, se sont livrés à des pillages de certaines maisons commerciales sur l’avenue P.E. Lumumba, au Marché Central de Kadutu et dans les alentours avec des armes. Ils avaient transformé la ville en capharnaüm; et il avait fallu un travail de nettoyage de grande envergure. Un pari réussi par les autorités de l’Alliance Fleuve Congo dans la ville de Bukavu.

Reste à savoir si le mémé élan va continuer ou le naturel bukavien reviendra au galop pour ramener le tout dans la poubelle quotidienne, quand reviendront les plastiques en termes de jus en plastique ou encore des emballages en plastique.

Signalons, cependant, que cet engouement à l’assainissement et à la salubrité publics n’est pas indifférent à l’expérience de la ville de Goma où on annonçait que les participants obtenaient un jeton après ce « Salongo », et que, c’est ce qui leur donnerait le feu vert pour reprendre leurs activités respectives. Encore un leurre, comme celui qui a couru les rue exigeant aux hommes adultes de se raser la tête, à même la peau, pour ne pas subir la rigueur de nouveaux occupants de la ville de Bukavu.

Quoi qu’il en soit, on aura retenu de ce jour, un moment où le Salongo s’est pratiqué à cœur joie et collectivement, au propre comme au figuré, contrairement à la vaste blague que l’on vivait depuis quelques années et qui voyait l’activité de Salongo se transformer, des fois, en une activité de rançonnement public.

Darius KITOKA.